mardi 22 mars 2016

Réserve Cuyabeno. Jour 3.


Dimanche le 20 mars. Réserve Cuyabeno. Jour 3.


Réveil musical ce matin pour les lève-tard.  Et vers 8h45, après un gros déjeuner qui mettait en vedette pour chaque personne un œuf frit dans une petite omelette, nous partons en pirogue. À vitesse moyenne pour avoir le temps de voir quelques animaux. Luis Torres, notre guide unique et préféré, est vraiment sensationnel. Il a une vue d'aigle et il décèle tout bien avant tout le monde. Une chance qu'il a son pointeur laser vert car souvent on ne sait ni où ni quoi regarder pour trouver ce qu'il a vu.

Luis Torres, guide naturaliste, musicien et chanteur

Nous passons 2h30 à naviguer et observer, toujours en descendant la rivière Cuyabeno. Au départ nous voyons sur les bords trois ou quatre auberges puis c'est la pure nature. Il n'y a que douze auberges de toute manière dans la Réserve qui compte plus de 250 000 ha en superficie. Et quelques villages autochtones de diverses ethnies.


Les observations vedettes de l'avant-midi : près d'une dizaine de Hoatzin, autant pour les aninghas, un grand toucan à gorge blanche, un pic verdâtre extrêmement rare (golden throated woodpecker) et le clou de l'avant-midi, trois Aras bleu et jaune (Ara araraona) qui nous font un spectacle grandiose en s'alimentant au sommet d'un immense arbre. Et aussi une nouvelle espèce de singes à la queue très touffue : le singe moine saki. C'est exceptionnels que les visiteurs de la Réserve ont la chance de voir ces aras et ces singes car ils sont tellement rares. Donc un bel avant-midi bien rempli.

Cherchez le toucan

Cherchez le lézard

Nous arrivons à Puerto Bolivar vers 11h45. Il s'agit d'un petit village d'à peine 300 personnes qui abrite l'ethnie Siona. Nous débutons notre visite en faisant le tour du village. En dix minutes c'est fait. Puis nous allons chez Gladys, une autochtone résidente, qui nous préparera notre entrée pour le lunch de ce midi. Une entrée à base de manioc.










Le feu de cuisson est prêt. Nous commençons par aller cueillir les racines d'un plant de manioc. Elle les pèle sur place. Puis nous allons dans la cuisine en plein air où elle reçoit les petits groupes de touristes comme nous. Ceux du Siona Lodge uniquement. Elle râpe d'abord les racines puis en extrait 80% de l'eau environ en plaçant la farine humide dans un tordeur fait de feuilles tressées. Ensuite elle place suffisamment de farine sur une plaque de céramique chauffée sur feu de bois pour en faire un pain plat à la manière d'une pâte à pizza ou d'un pain pita. Normalement, elle en fait une fois par mois, en grande quantité et cela se conserve très bien au sec jusqu'au mois suivant.

Nous dégustons les pains avec un peu de sel ou avec un peu de confiture d'ananas selon notre préférence. C'est très intéressant comme type de pain et totalement sans gluten au grand plaisir de ceux qui ont une intolérance à ce composé.

Vient ensuite le temps de faire chauffer notre lunch. Du poulet cuit, des patates et de la salade qui ont été transportés dans une glacière depuis notre auberge. Le seul hic c'est qu'il n'y a pas de glace dans la glacière... Une chance qu'il font chauffer le poulet sur le feu car je pense que je me serais abstenu.
















Après le lunch nous prenons un sentier derrière le terrain de Gladys. Il nous fait passer dans une plantation de cacao et nous amène jusqu'à un un arbre géant, le plus gros de la forêt amazonienne, le Ceiba. Ce qu'il est gros, ce qu'il est haut, ce qu'il est gros! Une beauté de la nature!




Nous allons ensuite voir Oswaldo, l'un des quatre chamans du village. Il nous explique comment il a été initié durant douze ans pour devenir chaman et comment il procède pour détecter les maladies en entrant en transe à l'aide d'un mix qui fait entrer en jeu la sève de deux types de lianes différentes. Ensuite il applique la médecine traditionnelle qui fait intervenir différentes infusions ou décoctions de plantes qu'il fait pousser dans son jardin ou qu'il cueille directement en forêt.

Nous avons droit à une petite cérémonie de purification chantée qui fait intervenir quelques membres du groupe puis il nous montre sa sarbacane et ses fléchettes avec lesquelles il chasse encore de nos jours. Il nous fait une démonstration et je demande si je peux essayer. Bien sûr! Le premier coup je passe à moins d'un centimètre de la cible. Au second, la fléchette se plante directement sur la cible. C'est précis ce truc-là. Plusieurs autres personnes essaient et la plupart réussissent à faire mouche. Avec une sarbacane plus longue, de 3,5 à 5 m ou plus, la précision et la portée est encore plus grande.







 

Au retour nous voyons encore plusieurs oiseaux mais le clou de l'après-midi, c'est un bel anaconda d'environ 2,5 à 3 mètres qui prend du soleil sur une branche. Rare! Très rare de pouvoir en observer un. Nous avons aussi un beau spectacle de singes écureuils. Une douzaine de jeunes s'amusent comme des fous dans un buisson qui surplombe la rivière. Quelle agilité! Ils sautent de branche en branche et essaient de se faire tomber les uns les autres. Quand ils tombent ils finissent toujours par attraper une branche plus bas. Nous les regardons évoluer durant une bonne dizaine de minutes. L'un d'eux tombe à l'eau. Par chance pas d'ananconda ni de caïman à proximité. Il regarde la rive et le couvert végétal. Un beau show!


Nous revenons à l'auberge pour 17h environ. Petit snack avec une bière et amorce du blogue pour moi. Douche et repos pour Hélène. Pendant que j'écris mon blogue, Luis vient me voir et je lui offre une bière. Cela me permet d'en savoir un peu plus sur lui. Un livre a déjà été écrit à son sujet. Il a été élevé dans la jungle où il a beaucoup appris avec son père sur les plantes et la faune en général. Puis au fil des ans a étudié par lui-même les livres qui traitent de divers sujets touchant l'amazonie et les espèces qui l'habitent. Il est ensuite devenu guide. Un fameux guide qui fut employé par des équipes d'universitaires pour leurs étude et même par National Geographics.

À 18h45, nous repartons en bateau. Il fait noir et il pleut. Mais les ponchos fournis par l'auberge font bien leur travail. Luis utilise sa grosse lampe de poche pour éclairer la rive et les arbres solitaires qui sont dispersés en bordure de la lagune. Il cherche des yeux qui reflètent la lumière. Et bingo! Il nous trouve notre premier boa de la soirée qui est en train de grimper de branche en branche dans un gros arbre. Nous pointons tous nos torches vers l'arbre pour mieux voir. Étonnant de voir comment le serpent peut se dresser de plus d'un mètre pour passer aux branches supérieures.

Durant l'heure et demie que dure l'activité nous verrons trois caïmans et quatre boas. Le record de Luis est de 20 boas durant la même période.



Nous avons un excellent souper avec entrée et vin rouge ce soir. C'est que la plupart des voyageurs quittent demain matin. Il n'y a qu'Hélène et moi qui restons un jour de plus. Après le souper, Luis va chercher sa guitare et ses flutes de pans et le concert débute. Miguel, le cuisinier, l'accompagne au tambour. Luis est vraiment surprenant, il chante et enchaîne les chansons andines et latinos l'une après l'autre jusqu'à 23h! Ce fut une soirée bien agréable!





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